L’église Saint-Jacques
L’église Saint-Jacques d’Illiers-Combray
Avant-propos : cet article est le fruit du travail d’élèves de seconde ayant suivi l’option Histoire des arts au lycée Jehan de Beauce de Chartres. Il s’agit, avant tout, d’un travail scolaire qui ne prétend ni à l’exhaustivité, ni à l’érudition. Il s’agit de proposer un petit guide de visite synthétique pour faciliter la découverte de cette exceptionnelle église.
Historique et Architecture de l’église
L’église Saint-Jacques d’Illiers-Combray, appartient au diocèse de Chartres et se trouve sur l’un des chemins menant au lieu de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Église romane à l’origine, elle a été reconstruite à partir de 1453, à la suite de sa destruction par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans (1336-1453). Florent, le seigneur d’Illiers, chevalier qui s’est illustré pendant le siège d’Orléans au côté de Jeanne d’Arc, a entrepris cette reconstruction dans un style gothique. L’église Saint Jacques a donc différentes particularités architecturales dues, notamment, à ce changement de style. Ce monument religieux a pour dimensions de nos jours 45 mètres de longueur pour 14,30 mètres de largeur, il est impossible de savoir si dans son ère romane l’église avait les mêmes dimensions.
Le style roman, issu de l’architecture carolingienne, qui s’étend du début du XIe à la moitié du XIIe siècle, se caractérise par des murs épais, peu de peintures murales, peu d’ouverture, donc peu de vitraux, des voûtes en berceau et une esthétique épurée. L’architecture romane a des murs épais et peu d’ouverture car à cette époque le poids de l’édifice reposait sur les murs qui devaient donc être solides, même si ceux-ci s’appuyaient sur des contreforts extérieurs. L’église garde, dans un style roman, sa nef et sa façade Nord qui a conservé les baies et la porte de l’édifice antérieur du XIe siècle.
Après sa reconstruction, de 1453 à 1497, l’église devient gothique, dont le plan est à nef[1] unique et à chevet[2] plat, probablement pour une raison de moindre coût, avec un toit à deux versants en ardoise. Le gothique est un style, utilisé essentiellement du milieu du XIIe au XIVe siècle, qui se caractérise par des voûtes en croisée d’ogives, une hauteur du bâtiment plus importante et des murs moins épais qui permettent d’apporter plus de luminosité grâce aux vitraux. Les particularités gothiques de l’église Saint Jacques se retrouvent, notamment, dans la chapelle de la Vierge ou dans le riche portail gothique international[3] de la façade occidentale. Les anciennes ouvertures romanes ont été obstruées et remplacées par de plus grandes ouvertures de style gothique, les nouveaux vitraux ont été posés en 1867, notamment le vitrail du chevet. Il est parfois difficile de savoir si un bâtiment religieux est gothique ou roman, en effet les styles se sont beaucoup mélangés et comportent quelques similitudes comme les contreforts qui soutiennent l’édifice.
L’architecture de l’église Saint-Jacques est ainsi très intéressante, avec, par exemple, deux types de voûtes : la voûte de la nef, en arc brisé, est lambrissée[4], tandis que la voûte de la chapelle de la Vierge est en croisée d’ogives[5]. Cette chapelle de la Vierge est accolée à la façade Sud de l’église, elle a été construite à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle. L’unique tour de l’église a une forme carrée, elle a été construite postérieurement à la Nef.
L’église a traversé la Révolution française en 1789 sans subir trop de destruction, mis à part le bûchage[6] des blasons de la façade occidentale qui ont ainsi été effacés. En effet les révolutionnaires voulaient faire disparaître toute trace de l’Ancien régime, afin d’en construire un nouveau qui serait plus juste.
L’église Saint-Jacques a, cependant, subi beaucoup de travaux depuis sa création due, certes, à son changement de style mais aussi aux destructions causées par le temps, des phénomènes météorologiques ou encore des conflits politiques.
Un ouragan au XIXème siècle a, ainsi, causé de nombreux dommages, qui ont nécessité des réparations comme sur un contrefort[7] du clocher en 1886 ou la réparation de la couverture entre 1874 et 1875 et l’électrification de la sonnerie des cloches entre 1836 et 1838. En 1886, un contrefort du clocher a été restauré.
Entre 1909 et 1911, les bâtiments accolés à la façade Nord et à la façade Ouest de l’église ont aussi été démolis afin de dégager la Grande place, mettant en valeur l’édifice religieux.
De nombreux vitraux ont été détruits en 1940 à la suite du bombardement d’Illiers. Seuls les vitraux du chevet ont été préservés. À la suite de ces bombardements de 1940 à 1944, la couverture, la baie Est et les vitraux ont été rénové ou remplacé.
Plus récemment, de 1990 à 2011, ont été restaurées la façade Sud, la sacristie, le versant Sud de la nef, la charpente, le clocher.
Les travaux de restauration se poursuivent encore aujourd’hui pour préserver et mettre en valeur ce monument religieux digne du plus grand des intérêts, qui fut classé au titre des monuments historiques le 13 avril 1907. Mais qui est malheureusement assez abîmée.
Les portails de l’église
Le portail occidental
Nous accédons à ce portail en gravissant un escalier en pierre à neuf marches.
L’église est construite, en partie, en pierre de grison. Cette pierre était d’un usage courant dans le Perche, une roche dure, peu profonde dans le sol, constituée d’un agrégat de cailloux soudés à l’aide d’un ciment ferrugineux, c’est pourquoi sa couleur est brun-rouge.
Le portail occidental de l’église, remonte au XVe et a été fortement remanié à une date inconnue. Il a perdu l’encadrement de ses piédroits, des montants, en saillie portant l’archivolte[8] et le jeu de pinacles[9] qui surmontent habituellement les portails de cette époque. le tympan[10] vitré est décoré d’élégantes lignes de pierre en arabesques. Les arrachements de certains éléments sont peut-être liés au siège du château d’Illiers à la fin du XVIe siècle, dans le contexte des guerres de religion et la lutte entre le roi de France Henri III et Henri de Navarre, le futur Henri IV.
Sous un vaste arc brisé, l’espace est divisé en deux ouvertures en arcs surbaissés en demi ellipses couramment appelées <>. Autour de cette porte, il y a un rinceau, c’est un motif décoratif constitué d’une tige végétale ornée de feuillage avec des représentations d’animaux fantastiques.
Sur la voussure[11], il y a des sculptures en haut-relief avec des racines et des éléments de décorations toujours d’inspiration végétale.
Les deux ouvertures sont séparées par un trumeau[12] orné de moulures avec une niche sculptée abritant une Vierge à l’Enfant couronnée.
Au XIXe siècle la porte est restaurée par l’Abbé Marquis. Les ornements ont été restitués et les blasons de Florent d’Illiers et de Jeanne de Coutes, son épouse, ont repris la place qu’ils occupaient. Des portes en chêne massif sont mises place, couvertes de sculptures, œuvre réalisé par M. Malenfant, un artisan local.
L’imposte[13] vitrée est constituée de moulures comportant des ellipses et des figures géométriques. Ces meneaux furent probablement ajoutés à la seconde moitié du XVIe siècle.
Une belle rose, élément décoratif de style gothique flamboyant, mesurant cinq mètres de diamètre complète l’ornement de la façade de l’église.
Ce pignon possède aussi un cadran solaire qui fut remplacé par une horloge dès le XVIe siècle.
Le portail roman
La porte Nord-est du style roman, c’est un vestige de l’ancienne Eglise Saint Jaques datant du XIe siècle. Cette porte est constituée d’un arc en plein cintre formant un demi-cercle et composée de pierres de grison taillées qui forme un double arceau.
Les voûtes de l’église
Voûte de la nef
Couvrant la nef, nous observons une voûte lambrissée en berceau brisé du XVe siècle, d’une surface d’environ 1000m², qui a été entièrement peinte en 1865 à la détrempe[14] et fut restaurée en 1974.
La charpente de construction typique de celles des édifices de la région, se présente sous la forme d’un vaste vaisseau sans pilier, de dimensions imposantes (44 mètres de longueur et de 14 mètres de large).
La voûte est constituée de treize poutres horizontales appelées aussi entraits, pièces remarquables de la charpente, soutenant les poinçons, les éléments verticaux. Les poutres moulurées dans le style du XVème siècle sont remarquables, il a fallu des chênes gigantesques pour fournir de telles pièces.
Chaque entrait se termine aux extrémités par une tête de rageur comme c’est fréquemment le cas dans les édifices religieux, ils sont aussi désignés sous le nom d’engoulant. Ce sont des têtes d’animaux monstrueux placées aux croisements des poutres entre elles ou à l’intersection des entraits et des poinçons. Ils sont placés à des points stratégiques de la charpente car, « il faut empêcher que ces monstres entrent dans l’Eglise, par la croix symbole de chrétienté ».
On retrouve aussi des têtes de dragon, un animal tantôt bénéfique, tantôt maléfique, le dragon avait pour fonction de chasser le démon, au même titre que les Saints et les apôtres.
Dans le dernier tiers du XIXe, la charpente a été rehaussée de peintures et richement décorée de guirlandes aux éléments floraux toujours à l’initiative de l’Abbé Carré. Les petites surfaces au niveau des poinçons sont également peintes et revêtues de riches décors, complétées par l’apposition d’écus ornés d’armoiries2. Complétant ce riche décor, les sablières[15], sont ornées de fleurs, de personnages et de décors divers, dans les tons grenat et or.
Les treize entraits portent tous au poinçon central, des éléments décoratifs qui nous renseignent sur la construction et les dates des travaux. Les treize travées constituées par l’espace compris entre deux entraits ont été financées au XIXème siècle par la famille dont l’écusson est visible.
Un de ses entraits, au-dessus de l’autel est, lui, orné, d’un christ portant un globe surmonté d’une croix. Largement utilisé au Moyen-âge, cet élément symbolise le rayonnement du pouvoir spirituel, celui de l’Eglise, sur le monde.
La voûte en elle-même est recouverte d’ornements, particulièrement dans sa partie basse, au-dessus des sablières avec des motifs floraux, des pinacles et des personnages bibliques ou religieux (apôtres, patriarches, justes, martyrs, moines…), figures en pied abritées dans des niches sous dais.
La partie supérieure présente un décor de festons, type d’ornement en guirlande, longeant les couvre-joints peints.
Source : Wikipédia, Travail personnel de GFreihalter, 2015
Voûte de la chapelle
La chapelle de la Vierge possède une voûte en croisée d’ogives.[16]
Les voûtes en croisée d’ogives sont un facteur déterminant de l’essor de l’architecture gothique. Cette innovation donne la liberté d’utiliser l’espace entre les arcs pour y installer de larges baies et créer une architecture de lumière et d’élan vers le ciel.
Celle de la chapelle est composée d’arêtes vives avec des liernes et des tiercerons[17] dont les quatre naissances sont agrémentées de médaillons dorés. Cinq volumineuses clés pendent et plusieurs petites clés intermédiaires agrémentent la partie sommitale de la voûte. Les liernes sont ornés de bandeaux décoratifs.
Entre les tiercerons et les liernes, on trouve des étoiles bleues associées à Marie et la voûte céleste.
Source : MS de Ponthaud, Dossier de consultation des entreprises en vue de la restauration de la chapelle de la Vierge, 2021
La chapelle de la vierge
La chapelle de la vierge est la seule chapelle de l’église, elle se situe à la base de la tour-clocher.
Sa décoration date de 1861 et fut réalisée à la demande de l’Abbé François Marie Carré, curé de la paroisse de 1850 à 1872, reconnu pour son engagement dans l’embellissement de l’église.
L’entrée de la chapelle est composée d’une arcade décorée de bleu et de rouge ainsi que par une alternance de blasons et devises.
Les murs de gauche et de droite sont composés de différents éléments décoratifs.
En partie basse, on retrouve des lancettes[18] en arc brisé, appartenant au style gothique, dans lesquelles on y retrouve des passages illustrés de la bible.
Sur le mur gauche six scènes liées bibliques sont représentées :
Marie debout sur un croissant terrassant un serpent, la présentation de Marie au Temple, l’annonciation, la visitation, la nativité et la présentation de Jésus au Temple.
Sur le mur droit, quatre peintures murales exposent des scènes de la vie de Jésus avec la fuite en Égypte, Jésus guidé par ses parents, la crucifixion et l’Assomption.
Nous pouvons également observer, à l’est de plaques commémoratives des morts de la guerre de 14-18 en marbre blanc et à l’ouest une toile marouflée représentant une Piéta[19] signée par le peintre Jules Brault, un décorateur chartrain, datant de 1888.
La couleur bleue domine cette riche ornementation, qui demande à être restaurée pour retrouver son éclat d’antan.
Autel de la Vierge
L’autel de la Sainte Vierge de la chapelle de l’Église Saint Jacques est situé du côté sud de la nef et est daté des environs du XIVe et XVe siècle et il a été entièrement redécoré en 1868.
Ce n’est pas l’autel principal de l’église, ce dernier étant le maître-autel.
Nous pouvons voir plusieurs statues en rond de bosse[20], notamment, au centre, la Vierge et l’enfant Jésus, à gauche saint Joseph et l’enfant Jésus puis à droite sainte Anne instruisant Marie petite fille.
Nous pouvons observer aussi un tabernacle situé en-dessous de la statue de la Vierge et l’enfant, orné d’un lys, emblème royal, s’épanouissant sur la lettre « M », pour Marie. Cette composition est proche de celle du tabernacle de la cathédrale de Reims.
L’autel est ornementé de peinture et d’éléments gothiques flamboyant comme les dais[21] architecturaux qui surplombent les statues citées au-dessus.
L’autel est ornementé de Sacré-Cœur[22] de Jésus.
Au-dessous de la statue de la Vierge, l’autel est sculpté de quatorze personnages, dont probablement les douze apôtres et deux évêques pouvant représenter saint Hilaire et saint Jacques, saints protecteurs de la paroisse. Malgré l’état de l’autel, on peut identifier quelques-uns des apôtres comme :
1) St Mathieu 2) St Thomas 3) St Barthélémy 4) St Jacques le Majeur 5) St Pierre 6) St André 7) St Jean
Le maître-autel
Le maître autel[23] construit fin XIXe siècle se situe dans le sanctuaire, il est de style néogothique[24] et fut érigé à la fin du XIXe siècle.
L’ensemble du maitre autel est surmonté d’une forme sculptée évoquant un pinacle[25] à clocheton[26]. L’autel est réalisé en pierre blanche, orné de colonnettes de marbres et de mosaïque vénitiennes[27].
Son thème n’est pas le même que l’autel consacré à la Vierge. Il est ici plus général.
Sa décoration se caractérise par des petites colonnes de marbre et des mosaïques notamment en bas du maître autel ou est représenté « La cène ».
Cette dernière est encadrée par deux statues celle de Noé qui est un prophète et Melchisédech qui est une figure biblique de l’ancien testament. Nous y trouvons un tabernacle[28] , richement orné et doré, qui représente le Christ Roi dans une mandorle[29].
Le tabernacle est encadré par six mosaïques, figurant des rideaux, surmontées de clochetons.
Aux extrémités se trouvent deux statues, nous pouvons ainsi reconnaitre, à gauche, Saint Pierre grâce à la clé du paradis qu’il tient en main, et à droite Saint Paul avec l’épée du martyre.
Derrière le maître-autel nous pouvons observer un retable[30] à colonnes corinthiennes datant du XVIIIe, dans un style néo-classique.
Ce retable est encadré par deux autels latéraux, décorés avec des angelots et des coquilles st-Jacques. Chaque composition latérale est en bois peint et doré, mettant en valeur deux statues, à gauche le Sacré-Cœur de Jésus et à droite la Vierge Marie.
A côté de ces autels se trouvent les quatre portraits des évangélistes.
Du côté du sacré cœur de Jésus se trouve St Jean et St Marc. St Jean est représenté par l’aigle car lui seul peut regarder en face du soleil et c’est le seul qui peut voler aussi haut. St Marc, lui, est désigné par le lion car dès les premières lignes de son Evangile, il est évoqué « la voix qui crie dans le désert ».
Du côté de la Vierge Marie, se trouve St Luc symbolisé par le taureau qui représente l’animal du sacrifice. A côté, se trouve St Matthieu qui est représenté par l’homme, car il débute l’écriture de son évangile par une liste généalogique des ancêtres de Jésus.
Ces quatre tableaux sont signés par Olivier Dumets. Les œuvres sont réalisées d’après celles de Valentin de Boulogne, peintre français du début du XVIIe siècle.
Les vitraux
Qu’est-ce qu’un vitrail ?
Un vitrail est un assemblage de plusieurs morceaux de verre qui sont généralement de couleurs et de formes différentes. Les verres sont réalisés à partir d’un mélange chauffé constitué d’un tiers de sable et de deux tiers de cendres de hêtres ou de fougères. La pâte obtenue est étirée. Les colorants sont mélangés pendant la fusion. Ils sont obtenus à partir de sels minéraux, oxydes de fer ou cuivre ou de manganèse.
L’ensemble des pièces permet de dessiner un décor, une scène biblique sur la surface vitrée, illuminée par une lumière tamisée. Les vitraux peuvent exister de différentes tailles et avec une complexité qui varie selon les dimensions et les scènes représentées.
Les vitraux sont essentiels à l’architecture gothique qu’ils viennent sublimer.
Les vitraux de l’église
Marcel Proust disait des vitraux de l’église qu’ils « ne chatoyaient jamais tant que les jours où le soleil se montrait peu, de sorte que, fit-il gros dehors on était sûr qu’il ferait beau dans l’église »[31].
Le 15 juin 1940, un bombardement de la ville vint malheureusement souffler ces vitraux. Seule la grande verrière fut épargnée.
Les vitraux actuels ont été créés en 1955 par les élèves stagiaires du Centre International du Vitrail de Chartres, les compositions sont donc modernes.
La rose, surmontant la tribune de l’orgue, date également de 1955, est une création des ateliers Fournier Clément de Tours. Pour l’occasion, le remplage[32] de pierre, rayonnant, a été modifié passant de dix à douze espaces périphériques, permettant de consacrer le vitrail au thème des signes du zodiaque, un thème fréquent dans les cathédrales, comme à Notre-Dame de Paris par exemple.
La grande verrière de l’abside
Cette verrière est née de la volonté de l’Abbé Carré. En 1850, la fenêtre absidiale était presque entièrement murée, rendant l’église très obscure. L’Abbé fit percer le mur et installer une nouvelle verrière plus grande pour embellir l’édifice et apporter de la clarté.
Elle fut réalisée par le M. Duhamel, peintre-verrier à Evreux, en 1867. Elle a été récemment restaurée.
L’ensemble est composé de cinq lancettes[33] couronnées de quatorze mouchettes[34] et quatre écoinçons.[35]
Dans la mouchette du sommet on trouve la représentation de Dieu tenant la croix de son fils (n°1).
Dans les neuf autres mouchettes, en-dessous de celle du sommet, des anges musiciens sont représentés, avec chacun un instrument différent (flûte, viole, mandoline…)
Ces anges entonnent une prière inscrite sur des phylactères[36].
- Dieu le père tenant la croix de son fils
- Le Christ tenant un globe terrestre surmontée d’une croix
- Saint Jacques le Majeur, saint patron de l’église
- Saint Hilaire, saint patron d’Illiers
- Miles d’Illiers, évêque de Chartres au XVe siècle
- Le chevalier Florent d’Illiers en armure
La restauration des vitraux
La baie de cette verrière a été restaurée par l’atelier Lorin de Chartres en 2021. Les vitraux ont été entièrement déposés.
Après leur démontage, tous les panneaux furent amenés à l’atelier pour être restaurés. Après un diagnostic du travail à réaliser, puis un premier nettoyage, les panneaux sont passés entre les mains des maîtres-verriers afin de remplacer un verre cassé, d’effectuer une soudure de reprise, de changer un plomb.
La restauration d’un vitrail passe par différentes étapes.
Par exemple, le dépicage est l’action d’enlever une pièce de verre d’un vitrail, en soulevant les ailes des baguettes de plomb. Les morceaux de verre cassé sont alors complètement retirés. Après bien avoir ouvert l’aile du plomb, enlevé les résidus de mastic, le maître verrier peut prendre la mesure du nouveau verre à découper. Grâce à une molette constituée d’une roue en acier ou en carbure de tungstène (outil souvent nommé le diamant), l’opérateur découpe le verre. Afin d’ajuster ce morceau, il utilise une pince à gruger (ou grugeoir).
Le repiquage consiste à remettre la pièce de verre dans le vitrail. Une fois le verre en place, le maître-verrier rabat l’aile du plomb afin de maintenir le verre. Il ajoute ensuite du mastic entre le verre et le plomb afin de maintenir le tout.
Un panneau de la lancette centrale, celle du Christ était particulièrement abimé, le morceau représentant le visage s’étant brisé dans une chute, l’atelier a dû le recréer.
C’est une opération délicate qui nécessite de retrouver le même verre, sous peine de ne pas respecter l’œuvre originelle. Parfois, le verre à remplacer ne se fabrique plus et, dans ce cas, les stocks d’anciens verres deviennent utiles. Dans la situation où le verre est introuvable, ni en neuf, ni en ancien, le maître-verrier doit trouver un verre approchant.
Une fois tous les panneaux restaurés en atelier, les vitraux furent remis en place. Après avoir positionné un verre neuf d’isolation et de protection, les maître-verriers ont replacé, un à un, chaque vitrail, avant de les remastiquer sur la structure métallique (joint d’étanchéité à l’extérieur et mastique à l’intérieur). Restaurer un vitrail consiste aussi à le protéger dans le temps.
Les statues de l’église
L’église Saint Jacques comporte de nombreuses statues :
Statue de saint André, qui est le premier apôtre à avoir rencontré Jésus Christ, en effet ils se sont connus juste après le baptême de Jésus Christ dans les eaux du Jourdain.
Nous savons que cette statue représente saint Roch, en effet la position de sa main gauche fait penser qu’il a autrefois tenu un bâton de pèlerinage, sa main droite quant à elle tient son vêtement afin d’exposer son bubon.
Cette statue représente la Vierge avec son fils Jésus Christ.
Cette statue est une vierge noire, l’inscription « Virgini Paritua » signifie naissance de la Vierge en latin. Nous pouvons donc penser qu’il s’agit de Saint Anne la mère de Sainte Marie.
C’est un moulage en plâtre d’après la statue en pierre de Saint Jacques par Jean Louis Chenillon dominant la tour de l’ancienne église Saint Jacques de la Boucherie à Paris. Ce moulage a été demandé en 1855 par le conseil municipal d’Illiers à Napoléon III. Ce moulage n’est exposé dans l’église à gauche du retable qu’à partir de 2017.
Statue de Saint Marcou, un prêtre connu pour soigner les furoncles et les abcès.
Statue de saint Hilaire, le premier évêque de Poitiers, élu en 350. Saint Hilaire de Poitiers est surnommé Marteau des Ariens ou l’Athanase d’Occident. Il est célébré le 13 janvier. C’est le saint protecteur de la paroisse.
Statue de saint Antoine de Padoue, un prêtre canonisé en 1232, il est déclaré docteur de l’Eglise au 20ème siècle.
Statue de Jeanne d’Arc née le 6 janvier 1412, elle a participé à la levée du siège d’Orléans en 1429 dans l’armée de Charles VII durant une guerre contre l’Angleterre. Elle est brûlée vive le 30 mai 1431, considérée comme une sorcière car elle prétendait entendre des voix.
Statue de saint Pierre, on peut le reconnaître grâce à la clé qu’il tient dans la main, cette clé représente la clé du Paradis. Il aurait été le premier évêque de Rome, c’est un apôtre très important. Il est associé au maître-autel.
Statue de saint Paul de Tarse, un apôtre, il est représenté avec une épée et un livre représentant son martyr et ses écrits. Il est associé au maître-autel.
Statue de saint Pierre, Pierre est un des douze apôtres et a été le premier pape, il a vécu au premier siècle. Après la mort de Jésus il devient le chef des apôtres. Saint Pierre est généralement représenté avec des clés comme sur cette statue, elle représente la clé du royaume des Cieux.
Décoration des murs et boiseries
L’église est entièrement recouverte d’un riche décor peint au XIXe siècle qui se déploie sur l’ensemble des parois, nous pouvons observer l’alternance de croix carrées, couronnes et coquilles Saint-Jacques.
Il se pourrait que l’ensemble des boiseries qui couvrent les murs de l’église, dans le prolongement du retable jusqu’à l’entrée de l’église, remonte à 1737. C’est ce que suggère une inscription visible sur le narthex[37].
Les boiseries sont couvertes d’éléments décoratifs typique du néo-classicisme comme des pilastres[38] à chapiteaux corinthiens.
Nous y trouvons des références à saint Jacques comme les attributs du pèlerin (coquille et bâton).
D’autres thèmes sont également présents comme la figure d’un évangéliste, Jean-Baptiste, baptisant Jésus dans les eaux du Jourdan, une scène du nouveau testament.
Sur les côtés de la nef sont représentées les scènes de la Passion et de la Résurrection que l’on peut retrouver dans tous les bâtiments religieux.
Au cœur de l’église, tout au long du maître autel, sont disposés des toiles ayant pour toujours pour thème des passages du nouveau testament sont représentés d’un style classique[39].
Côté Nord, de gauche à droite :
- Annonciation, la St Vierge reçoit le message de Gabriel lui disant qu’elle portera l’enfant de Dieu par l’action de l’esprit saint.
- Naissance de Jésus, avec saint Joseph, les bergers et les anges.
- Apparition des rois mages
- Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdan
Côté Sud, de droite à gauche :
- Descente de la croix
- Rencontre entre saint Thomas et le Christ après sa résurrection
- L’esprit Saint, qui marque le lien entre le père et le fils
- L’Ascension, dernière rencontre entre Jésus et ses disciples avant son élévation au ciel
Sur la toile à l’entrée de l’église, en-dessous de l’orgue, nous pouvons identifier la miraculeuse libération de Paul et Sillas.
Article rédigé par des élèves d’HIDA du Lycée Jehan de Beauce de Chartres.
Sources utilisées :
- Gisèle Maini-Jacques le Goc, Eglise Saint-Jacques d’Illiers-Combray, 2019
- Dossier de consultation des entreprises en vue de la restauration de la chapelle de la Vierge, par M.S. de Ponthaud, architecte en chef des monuments historique, Juin 2021.
- Inventaire des fonds de l’administration communale, archives départementales de Chartres.
- Atelier Lorin de Chartres, Rapport de restauration de la verrière, novembre 2021.
- Diverses sources internet pour la définition des termes techniques.
- Les photographies sans sources mentionnées ont été prises par Clémence Baron et Laura Taillandier-Winkler.
Les élèves ayant travaillé sur ce projet sont :
-Baron Clémence
-Borhidan Léa
-Diget Coline
-Marcon-Ratsimalasovoaviarison Maëlynn
-Philippe Cyrielle
-Pribille Jade
-Samuel Hugo
-Taillandier-Winkler Laura
[1] Partie d’un édifice religieux où se tiennent les fidèles pendant l’office. La nef peut être unique où munie de collatéraux (bas-côtés).
[2] Le chevet est l’extrémité de l’édifice religieux correspondant au chœur. Il peut être en abside et disposer de chapelle rayonnante ou plat dans sa forme la plus simple.
[3] Le style international est une phase tardive du gothique apparue à la charnière des XIVe et XVe siècles.
[4] Voûte recouverte de lambris de bois.
[5] Croisement de deux arcs nervurés formant l’ossature d’une voûte gothique, permettant de reporter le poids sur des piles et non plus sur les murs comme dans l’architecture romane.
[6] Le bûchage est une pratique qui consiste à marteler des éléments décoratifs sur une façade pour les faire disparaitre.
[7] Le contrefort est un élément de maçonnerie qui permet de contenir une poussée et d’assurer la solidité d’un édifice.
[8] Bandeau encadrant les voussures d’une baie.
[9] Eléments architecturaux principalement décoratifs en forme de pyramide ou conique (forme de clochetons plus ou moins élevés) situé sur les bâtiments comme les églises. Ils jouent aussi un rôle dans la stabilité de l’édifice.
[10] Le tympan (du latin tympanum signifiant « tambour ») désigne la surface en demi-lune souvent sculptée en bas-relief et située au-dessus du portail d’une église. Elle marque la séparation entre l’enceinte sacrée et le monde profane.
[11] Surface courbe de la voûte qui surmonte le portail.
[12] Le trumeau est un pilier ou une colonne architecturale avec des éléments de décorations. Durant l’Antiquité grecque ou romaine, les portes ne sont pas divisées par un trumeau, cette disposition appartient au Moyen Âge et date de la fin du xie siècle. Elle permettait d’établir facilement, par une seule issue, deux courants pour la foule entrante et sortante.
[13] L’imposte est la partie fixe placée au-dessus de la partie mobile d’une porte ou d’une fenêtre et est comprise dans l’encadrement de la baie.
[14] C’est l’un des plus anciens procédés de peinture. Les pigments sont liés et appliqués avec une colle d’origine végétale ou animale.
[15] Poutre horizontale située aux extrémités des versants de la voûte.
[16] La voûte en croisée d’ogives apparaît entre 1180 et 1220, c’est un type de voûte classique dans l’architecture gothique. Elle est utilisée dans l’architecture des monuments religieux, par exemple l’église de Saint Aignan à Chartres, présentant d’importantes similitudes avec l’église Saint Jacques.
[17] Les liernes et tiercerons sont des nervures qui s’ajoutent autour de la clef de voûte, leur rôle est uniquement décoratif.
[18] Arc brisé de forme très allongée.
[19] Représentation de Marie dans l’art religieux.
[20] Statue dont nous pouvons faire le tour ou qui est indépendante d’un mur.
[21] Elément de décoration sculptée qui vient couvrir les niches, autel, porte…typique dans l’architecture gothique.
[22] Le Sacré-Cœur est la dévotion au cœur du Christ, en tant que symbole de l’amour divin de Dieu envers les hommes.
[23] Autel majeur ou principal d’une église, situé dans l’axe de la nef.
[24] Style architectural né à la fin du XVIIIe siècle en Angleterre et florissant au XIXe. Il se conçoit comme une réponse au néo-classicisme.
[25] Eléments architecturaux principalement décoratifs en forme de pyramide ou conique (forme de clochetons plus ou moins élevés) situé sur les bâtiments comme les églises. Ils jouent aussi un rôle dans la stabilité de l’édifice.
[26] Forme pyramidale qui rappelle celle d’un clocher.
[27] Style de mosaïque s’inspirant de Venise
[28] Espace à proximité du maître autel où l’on conserve le vin et les hosties pour l’eucharistie.
[29] Figure en forme d’amande dans laquelle s’inscrivent les personnages sacrés.
[30] Meuble placé derrière et au-dessus de l’autel.
[31] Marcel Proust, Du côté de chez Swann, 1913.
[32] Armature de pierre qui encadre les différentes parties d’un vitrail.
[33] Arc brisé de forme très allongée.
[34] Elément de décor d’un vitrail, de forme asymétrique évoquant une flamme.
[35] Vitrail en forme de coin.
[36] Morceau de parchemin.
[37] Portique interne, vestibule, avant-nef, aménagé à l’intérieur de l’église.
[38] Fausses colonnes décoratives, motif importé d’Italie en France au tout début du XVIe siècle.
[39] Style classique : le classicisme se développe au XVIIe en réaction au baroque. Il se caractérise par une composition claire et ordonnée. L’intégralité des sujets figurent dans les limites du cadre.
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